Enquêter sur la Mafia en Sicile était extrêmement périlleux. Pendant onze ans, il vécut dans le morne environnement des cours de justice, des prisons et de bureaux surprotégés. Il ne sortait jamais et apercevait le soleil qu’à travers la vitre sans tain de sa voiture blindée. Au temps fort de ses instructions, il n’y avait pas moins de vingt-quatre carabiniers qui se relayaient jour et nuit pour assurer sa protection rapprochée. Malgré cette existence encombrée manquant de gaieté, Giovanni Falcone était un homme plein d’humour et de joie de vivre. Sa vie difficile ne lui donnait ni regret, ni angoisse. A propos de la mort, il déclarait :
« Certes, la pensée de la mort m’accompagne. Mais elle devient vite une seconde nature. Alors bien sûr, on reste constamment en alerte, on calcule, on observe, on s’organise, on évite les habitudes répétitives, on se soustrait aux rassemblements de foules, à toutes les situations de type incontrôlables. Mais on acquiert aussi une bonne dose de fatalisme, en songeant qu’on meurt de tant de choses finalement : d’un accident de la route, de l’explosion d’un avion, d’une overdose, d’un cancer, et même de rien du tout ! »
Son optimisme quant à l’issue finale de la bataille était sans faille. Dans le livre Cosa Nostra, le juge et les hommes d’honneur, Marcelle Padovani évoque cette détermination en ces termes :
« Ni l’opacité d’un grand ministère, ni les contradictions de la politique politicienne, ni le machiavélisme des Palazzi (Palais de la politique – sièges officiels du pouvoir) n’étaient parvenus à le distraire de son idée fixe : l’État a les moyens de battre la Mafia. »
Falcone savait que son compte était ouvert avec Cosa Nostra et qu’il ne le solderait qu’après sa mort, naturelle ou non. Il necomparait pas Cosa Nostra à une pieuvre, mais à une panthère, un animal fort et féroce, vigilant et rancunier. Il estimait que sa vie blindée était incompatible avec une vie familiale normale, raison pour laquelle il ne souhaitait pas d’enfants.
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