L’Histoire de Cosa nostra en image – Ecrite par Christian Lovis. Première partie
A la fin des années soixante-dix, Cosa nostra, la mafia sicilienne est l’organisation criminelle la plus puissante au monde. La famille de Corleone déclenche une guerre impitoyable contre les familles séculaires de Palerme et contre tous ceux qui osent se mettre en travers de leur chemin meurtrier, notamment les représentants de l’Etat. Retraçons cette terrible histoire contemporaine de la Sicile, terre de soleil meurtrie à tout jamais par un climat de violence sans précédent.

En ce temps là, la Sicile est dominée par une mafia puissante et très riche. Les parrains de Palerme qui gouvernent sans partage sont de riches et influents personnages qui n’hésitent pas à afficher leur pouvoir et leur fortune à la vue et aux yeux de tous. Néanmoins, ils ignorent qu’à 60 km de là, dans la ville de montagne de Corleone, Luciano Liggio, capo local, à décidé de mener son clan à la conquête de Palerme.

Car dans les années soixante, Luciano Liggio, impitoyable tueur de Corleone, tue son chef qui est aussi le parrain local, le Dr Michele Navarra, pour prendre le pouvoir. Liggio qui est né dans la pauvreté veut devenir multi-millionnaire est décide alors de mener son clan à la conquête de Palerme, car c’est là que se font les affaires les plus importantes. Il s’entoure d’hommes de main aussi déterminé que lui provenant également de Corleone qui vont rentrer dans la légende de la Mafia : Toto Riina et Bernardo Provenzano.

Luciano Liggio qui est arrêté dans son appartement de luxe, à Milan en 1974 continuera à donner ses ordres depuis la prison. Il est un parrain sanguinaire qui terrifie ses interlocuteurs au moindre regard. Par pure vengeance personnelle, il bafoue toutes les règles bâties par Cosa nostra. En effet, sans l’assentiment exigé par la Cupola (le gouvernement de Cosa nostra), il décide de tuer le lieutenant-colonel des carabiniers Giuseppe Russo qui le traquait depuis des années. Le policier est assassiné avec son ami (Filippo Costa) au cours d’une promenade à Ficuzza, le 20 août 1977.

Mais Luciano Liggio ne s’arrête pas là et démontre qu’il n’a que faire de l’avis des parrains de Palerme. Il en veut personnellement au juge Cesare Terranova qui l’a fait condamné et c’est depuis sa prison qu’il ordonne son assassinat. Le 25 septembre 1979, le magistrat qui a instruit les 1er grands procès contre la mafia est exécuté dans sa voiture. Avec ce meurtre, Liggio espère prouver la puissance militaire des Corleonais et démontre une détermination qui inquiète les autres familles.

Liggio se fait beaucoup d’ennemis chez les plus importants chefs mafieux, notamment Don Tano Badalamenti du clan de Cinisi, qui est – à ce moment là – le chef de la Cupola (Capo dei Capi). Ces derniers n’acceptent pas le mépris des règles de la part des Corleonais.
Mais depuis sa prison, Luciano Liggio ne voit pas qu’il est en train de perdre peu à peu de son pouvoir au dépens de Toto Riina, surnommé le « Courtaud », car il ne mesure que 1m.58. Ce dernier qui est son homme de confiance se place habilement et sournoisement à la tête du clan de Corleone. Il échafaude sa prise de pouvoir en secret avec son ami de toujours Bernardo Provenzano, surnommé « Le tracteur » parce qu’il ne recule devant rien. Si ces deux-là qu’on surnomme « les bêtes fauves » ont déjà au moins 40 meurtres chacun à leur actif, ils savent qu’ils doivent s’entourer de personnages de confiances à travers la Sicile. Ils s’allient notamment avec le parrain de San Giuseppe Jato, Bernardo Brusca et avec un des pires tueurs de la Mafia, Leoluca Bagarella qui se cache à Palerme.

Giuseppe Di Cristina, surnommé « le Tigre », puissant parrain de Riesi, dans la province de Caltanissetta est le premier à s’alarmer du danger que représente Toto Riina. Au cours d’une réunion de la Cupola, Di Cristina affronte ouvertement Riina, car il ne parvient pas à accepter le meurtre du lieutenant-colonel Giuseppe Russo. Cet assassinat a été perpétré sans le consentement de la Commission qui l’avait même catégoriquement refusé. Mais les Corleonais ne tinrent pas compte de ce refus.
Solidement établies, les familles de Palerme s’abstenaient jusqu’ici de tuer des membres de l’autorité afin de ne pas attirer l’attention de la police et des pouvoirs politiques. Mais les Corleonais appliquent une tout autre stratégie. Pire encore, ils commettent leurs assassinats sur le territoire de leurs rivaux afin que les soupçons se tournent contre eux.

Di Cristina, tout comme son allié Giuseppe « Pippo » Calderone (parrain de Catane), devient alors les principaux objectifs des Corleonais. En véritable chef de guerre et dans le but s’isoler les richissimes familles de Palerme représentées par Stefano Bontade, Salvatore Inzerillo et Gaetano Badalamenti, Toto Riina commence a infiltré leurs alliés qui se trouvent dans d’autres provinces. Ceux qui ne font pas allégeance au clan des Corleonais sont systématiquement décimés.
Di Cristina se sent acculé et décide de briser l’omerta en parlant à un carabinier pour essayer de nuire aux Corleonais. Il espère que Bernardo Provenzano alors en cavale depuis 15 ans se fasse arrêter pour déstabiliser la puissance militaire du clan des montagnes de Corleone.

Le 21 novembre 1977, Di Cristina survit à une fusillade, mais ses hommes sont tués dans l’embuscade. Quelques mois plus tard, le 8 avril 1978, le parrain de Riesi se venge en compagnie de son comparse de Catane, Pippo Calderone. Ils abattent de leurs propres mains Francesco Madonia (chef du clan de Resuttana), un fidèle allié des Corleonais.
Le 30 mai 1978, Giuseppe Di Cristina, accompagné de son fidèle ami Pippo Calderone, ainsi que d’Alfio Ferlito et Franco Romeo (deux Catanais) se retrouvent dans un appartement de Palerme pour y organiser un hold-up. Di Cristina et Romeo quittent l’endroit pour aller faire un tour de reconnaissance pendant que Calderone et Ferlito attendent sur place. Alors qu’ils sont dans la rue, Di Cristina et Romeo tombent dans une embuscade tendue par Leoluca Bagarella, Nino Gioè et Nino Marchese.

Giuseppe Di Cristina est abattu à Passo Di Rigano. Sur le territoire d’un chef de famille (Salvatore Inzerillo) qui n’a rien à voir avec le crime. Dans la Mafia, ce signal est une offense supplémentaire de la part des Corleonais qui ignore les codes ancestaux de Cosa Nostra. Sur le cadavre du Tigre de Riesi, la police découvre deux chèques de 10 millions de lires et un de 5 millions signés par lui-même. L’enquête est au main d’un policier de grande valeur, Boris Giuliano qui entame alors une longue et très complexe enquête.
Pendant ce temps, en juillet 1978, Giovanni Falcone, encore inconnu du grand public revient dans sa ville natale, Palerme, après 13 ans passés au tribunal de Trapani où il s’occupait d’affaires civiles. Rocco Chinnici, chef du bureau d’instruction de Palerme insiste pour qu’il change de service et rejoigne son équipe des juges d’instruction. En effet, l’homme s’active à créer le pool antimafia qui deviendra célèbre par des résultats sans précédents dans la lutte contre le crime organisé.

La colère monte au sein de Cosa nostra. Un malaise qui est créé par les Corlenosi qui continuent leur marche en avant pour prendre le pouvoir en province d’abord avant de s’attaquer à Palerme. À Catane, Toto Riina de Corleone fait alliance avec Nitto Santapaola dans le but d’isoler la famille Calderone (lesquels sont alliés de Stefano Bontate à Palerme). Une bombe est retrouvée dans la voiture d’Antonio Calderone qui s’en sort par miracle. Les soupçons sont tout de suite orientés vers les Corleonais. Stefano Bontate insiste pour se venger, mais d’autres mafiosi palermitains s’y opposent de peur de déclencher une guerre.

Une réunion a lieu entre les principaux chefs de Cosa nostra le 30 septembre 1978, dans une villa isolée où Toto Riina joue les chefs d’orchestre. Machiavélique, il rend hommage à Pippo Calderone assassiné par Beppe Di Cristina et Francesco Madonia. Au fait, Riina a le désir de jeter le discrédit sur Tano Badalamenti afin de l’éliminer. Il explique que c’est ce dernier qui a fait assassiner Francesco Madonia sans demander la permission à la Commission qu’il présidait. Il profite de mettre en avant les qualités de son allié Michele Greco qui est entre-deux devenu le chef de la Coupole (Etat-Major de Cosa Nostra). Beaucoup sont jaloux de Tano Badalamenti qui s’est enrichit plus que les autres grâce à sa position stratégique (il détient le territoire de l’aéroport) et aux liens étroits qu’il entretient avec ses cousins d’Amérique. Les mafieux décident de radier Badalamenti de Cosa nostra.

Bravo Bel historique, bien documenté et facile à lire.
Alain
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