En souvenir du commissaire Boris Giuliano


Ce 21 juillet 2015, il y aura 36 ans que Boris Giuliano a été assassiné à l’âge de 49 ans par la mafia sicilienne. Policier moderne, d’une redoutable efficacité, Boris Giuliano avait la pugnacité nécessaire pour remonter le moral de ses troupes. Sous son commandement, la brigade mobile de Palerme devint la cellule antigang la plus efficace de toute la péninsule. Il dirigea ses enquêtes avec des méthodes innovantes et édifia une véritable collaboration avec le Bureau fédéral d’investigation américain, le  célèbre F.B.I. Ce qui était une première.

Le commissaire Boris Giuliano
Le commissaire Boris Giuliano

Pour les observateurs, il est admirable que Giuliano ait eu un passé aussi glorieux avec les moyens artisanaux de l’époque. Tous les spécialistes s’accordent à dire qu’il fallait une grande intelligence et une farouche volonté pour arriver à accumuler des preuves factuelles susceptibles d’être reconnues devant un tribunal. On ne parlait pas encore des progrès de la génétique et encore moins des découvertes sur l’ADN. Les micros, les caméras et appareils photos ultra-performants ayant la taille d’une tête d’épingle à cheveux pouvant être dissimulés à peu près n’importe où n’existaient pas à cette époque. Les écoutes téléphoniques étaient rarissimes et demandaient une infrastructure imposante. La seule force des enquêteurs résidait dans un savoureux mélange d’intuition, de perspicacité et de rationalisme cartésien. Un agent devait se fondre dans l’environnement qu’il explorait même si cette immersion dans le milieu criminel sicilien présentait un danger mortel plus que partout ailleurs. Car la Mafia, sûre de son pouvoir et de son impunité, assassinait aussi bien des juges que des hommes politiques. Ce n’était pas un modeste fonctionnaire de l’État, encore moins un sbire*, qui allait retenir leurs ardeurs meurtrières. Les enquêteurs de la brigade mobile passaient des jours et des nuits entières planqués derrière les rideaux d’une fenêtre à observer et à noter tous les faits et gestes des malfrats sous surveillance. Les filatures étaient d’autant plus  difficiles que beaucoup de mafiosi vivaient en totale autarcie dans leur quartier, rendant le travail des policiers plus complexe puisque chaque nouveau visage était rapidement repéré.

*Sbire : terme péjoratif utilisé par les mafiosi pour décrire un policier.

Découvrez la carte des victimes de la mafia à Palerme

L’assassin de Boris Giuliano est Leoluca Bagarella, redoutable tueur du clan de Corleone. Il a été arrêté en 1995 par la DIA américaine qui l’a remis à la justice italienne. Condamné à la prison à perpétuité pour de multiples homicides, il purge sa peine dans une prison de haute sécurité sous le régime carcéral 41 bis. Les conditions d’incarcération sont très dures et réservées aux mafieux et aux terroristes. Il a aujourd’hui 73 ans.

Leoluca Bagarella
Leoluca Bagarella, le mafieux de Corleone purge une peine à perpétuité. Il est en prison depuis 21 ans.

C. Lovis © Les Hommes de l’antimafia
Extrait du livre « Les hommes de l’antimafia. Le monde a besoin de héros »

Le monde a besoin de héros