‘Ndrangheta: autopsie d’une vendetta


Le suspect n°1 pour le massacre de Duisburg, en août 2007, a été arrêté le 12 mars dernier… L’Express a recomposé l’enchaînement tragique des faits et s’est plongé dans cette enquête sur la mafia calabraise, la plus puissante d’Europe.

Il n’a opposé aucune résistance, a balbutié, très vite, que oui, il était bien Giovanni Strangio. Puis il a embrassé sa femme, comme on étreint quelqu’un avant une longue séparation. Ce 12 mars, les policiers ont fait irruption à 23h15.

Strangio vivait là, dans ce quatre-pièces de la banlieue d’Amsterdam, loué à des Hollandais, avec son épouse et son fils de 3 ans. Calfeutré chez lui, la plupart du temps. Teint en blond. Travesti avec des chapeaux et des lunettes.

Lui, l’un des hommes les plus recherchés d’Europe pour avoir, le 15 août 2007, baigné de sang les pavés de Duisburg, en Allemagne. Lui, accusé d’avoir organisé le pire carnage de la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, hors de l’Italie.

Renato Cortese, policier antimafia
Renato Cortese, policier antimafia

Près de deux ans de traque, obsessionnelle et méticuleuse. « Près de deux ans à recouper des indices, des écoutes à l’infini. Et un travail qui n’a été possible que parce que nous avons réussi à former une seule équipe d’investigation, avec nos collègues néerlandais et allemands », explique Renato Cortese, chef de la squadra mobile de Reggio de Calabre.

Strangio n’était pas perdu. Il avait, avec lui, 570 000 euros en cash, une machine à fabriquer de faux documents et un calibre 9 sous Cellophane. Récit d’une odyssée sanglante, qui, un jour d’Assomption, hissa le mythe de la ‘Ndrangheta du ruisseau aux étoiles.

La mafia la plus puissante d’Europe avait toujours fui les opérations kamikazes, préférant la discrétion et l’infiltration financière aux soucis charriés par la publicité. A Duisburg, le voile s’est déchiré.

Il y a longtemps que, obsédée par le recyclage de sa fortune colossale – 44 milliards de chiffre d’affaires – la ‘Ndrangheta tisse sa toile invisible en plein coeur du Vieux Continent. En Allemagne, notamment, où elle s’est greffée, à partir de la fin des années 1980, sur les vagues d’immigrés italiens, au point de s’y sentir comme à la maison. Avec ses pizzas, ses traditions tribales et ses traumas les plus enfouis.

Les six Calabrais foudroyés le 15 août 2007, devant la pizzeria Da Bruno, ont été les victimes expiatoires d’une lutte à mort entre deux dynasties, les Pelle-Vottari et les Strangio-Nirta. C’est cet écheveau que le procureur adjoint de Reggio, Nicola Gratteri, s’est acharné à dénouer, pendant près de deux ans, pour enfin clore son enquête.

Cet été 2007, Giovanni Strangio avait tout prévu. Du 16 au 30 août, il devait partir en vacances. Enfin, c’est ce qui était griffonné sur la vitrine de sa pizzeria le Tony’s, située dans une ruelle de Kaarst, banlieue de la Ruhr ennuyeuse mais prospère, avec ses pavillons de brique rose, ses rideaux en dentelle et ses jardins manucurés.

A côté, la caissière de la supérette, Karin, une petite femme joviale, l’avait bien noté. « Giovanni » était sans doute allé faire un tour dans sa famille, en Calabre. « On le connaissait depuis des années, ici! » Un gars gentil, 30 ans, plutôt beau gosse, toujours discret mais sociable. Avec ses deux pizzerias, il fournissait toute la ville en margherita.

Alors, si on avait dit à Karin que son voisin serait un jour accusé d’un sextuple ­assassinat, elle serait tombée à la ­renverse. Neuf jours plus tard, la police débarquait à 5 heures du matin au Tony’s pour tout désosser. Dans son autre pizzeria, le San Michele, un canon de?9 mm était planqué dans la moutarde et les munitions dans le ketchup.

Aujourd’hui, à la supérette, le patron de Karin, à qui Strangio louait son local – toujours comptant, toujours à l’heure – ne trouve pas les mots. « C’est dur… » La dernière personne à avoir recueilli des confidences de l’homme aux deux visages est peut-être une fille de l’Est. Au téléphone, terrorisée, elle coupe court: « Je veux oublier! Je ne dirai rien de négatif sur lui! »

Peut-être lui a-t-il avoué que tout ça ne serait jamais arrivé si un type n’avait pas reçu un jaune d’oeuf en pleine face, un jour de carnaval, en 1991. Disséquer la métaphysique du massacre de Duisburg revient à prendre quelque distance avec les règles usuelles de la vie en société pour s’enfoncer dans les secrets séculaires de la mafia calabraise.

Pour comprendre, il faut retourner en son sein, dans le village de San Luca, la « mamma » de la ‘Ndrangheta. San Luca, au bout de l’Italie, une terre cuite et recuite par un soleil cloué au zénith, un bourg misérable et réprobateur qui vénère Dieu et contemple sa légende du haut de son rocher, assiégé par les monts acérés de l’Aspromonte. Ici, les habitants vivent dans un face-à-face de tous les instants avec eux-mêmes et avec leurs morts. Ici, les documents judiciaires  spécifient quand un défunt est « décédé de cause naturelle ». C’est assez rare.

Le village de San Luca, la "mamma" de la 'Ndrangheta
Le village de San Luca, la « mamma » de la ‘Ndrangheta

A San Luca, l’existence sacrifie plus aux exigences de la survie qu’à la miséricorde. D’où les kalachnikovs et les munitions « à usage exclusif de l’Otan » planquées dans les cages d’escalier et la chapelle du cimetière. D’où ces bunkers à ouverture hydropneumatique, creusés en sous-sol pour se protéger, dans l’ordre, de la famille adverse puis de l’Etat. Des caches où la police a trouvé des billets de banque suisses et tchèques, des serres où marinent des plants de marijuana et des DVD du Parrain.

A San Luca, on meure rarement de « cause naturelle »

Car c’est bien une faida, une vendetta calabraise, qui s’est exportée pour la première fois hors de ses terres naturelles, à Duisburg. Nicola Gratteri, quatre gardes du corps sur les talons, ne se fait aucune illusion: « Les faide sont comme des volcans immobiles pendant un siècle, qui entrent tout à coup en éruption. Plus qu’une guerre entre deux familles, c’est une force qui va au-delà de la logique criminelle, car elle vient des tripes, et les femmes en entretiennent la haine. Une violence que Cosa Nostra et la Camorra, où les clans ne sont pas nécessairement des familles de sang, ne connaissent pas. »

En Calabre, on trépasse au gré de sa parenté. Alors, si les mafieux se battent, en plus, pour le trafic de cocaïne en Europe, il en faut peu pour se faire cueillir par un parabellum.

Ce 10 février 1991, donc, c’est jour de carnaval au village et, pour les Vottari, la coupe est pleine. Des jeunes Strangio-Nirta les ont bombardés de mousse dans un bar. L’affaire dégénère à grand renfort de lancers d’oeufs, jusqu’à ce qu’Antonio Vottari empoigne un pistolet dans sa boîte à gants et carbonise deux rivaux d’un coup.

Il est vrai qu’à San Luca la jeunesse manque de référents paternels: le vieux Nirta purge vingt-sept ans de prison pour enlèvement. Quant à Giuseppe Vottari, chargé d’un crime par un boss, en 1986, il s’était fait flinguer, une fois sa mission accomplie, en oubliant de se baisser lors de la fusillade.

Par ici, la justice des balles passe plus vite que celle des tribunaux. Antonio Vottari, l’homme qui n’aimait pas les oeufs, est retrouvé sulfaté un an plus tard au pied d’un arbre. Mais l’apothéose survient le 1er mai 1993. Un autre jour de fête: la mafia se régale de symboles. Vers 19 heures, deux membres des Vottari sont éradiqués dans leur étable. Une demi-heure plus tard, la riposte éclate: un affilié des Strangio s’écrase sur le volant de sa voiture. A 19 h 35, un autre s’écroule devant la boucherie.

L’Etat, enfin, lève un sourcil. A force de faire de leur village un stand de tir, les mafieux ne sont plus à l’abri. Et, quand le sang coule trop, le business finit par sombrer. Alors on en appelle à un pacificateur, un boss qui a déjà mené des tables rondes avec des brutes sanguinaires. Et le calme revient. Précaire, forcément.

Pendant ces années de trêve, les clans de San Luca et d’ailleurs continueront à exporter les leurs dans le nord de l’Italie, en Australie, en Espagne, aux Pays-Bas… et en Allemagne. Où, dès 2000, comme l’atteste un rapport ultrasecret de la police fédérale (BKA), on connaît très bien l’existence, à Duisburg, à ­Erfurt ou à Leipzig, de ces pizzerias-lessiveuses d’argent détenues par les clans de San Luca, « qui appartiennent aux plus puissants de la ‘Ndrangheta ».

Le rapport détaille les noms, les lieux, les soupçons. On y trouve même un certain Strangio Giovanni. L’adresse de la pizzeria Da Bruno aussi, futur théâtre du crime, rachetée, à un moment, 250 000 deutsche Mark (130?000 A), cash, par un Calabrais qui déclarait en gagner 800 (400 A) par mois. En Allemagne, un pizzaiolo peut connaître une ascension fulgurante.

En attendant, dans le silence de l’Aspromonte, la vengeance couve toujours, acharnée. C’est un paraplégique, un membre des Pelle-Vottari, qui, de sa chaise roulante, va, avec d’autres, rallumer la faida. Son nom: Francesco Pelle, aussi appelé « Ciccio Pakistan » – pour son côté un peu noiraud.

Ce soir de juillet 2006 donc, « Pakistan » prend le frais sur son balcon, son nouveau-né dans les bras. A 23 h 30, des coups de feu déchirent l’air. Il est emmené à l’hôpital. Et restera paralysé des jambes. Pendant des jours, une dizaine de proches, pour la plupart repris de justice, vont monter la garde devant sa chambre. Ils sont tous armés comme pour la Troisième Guerre mondiale. Les médecins n’osent rien dire.

Ciccio Pakistan, lui, rumine de mauvaises pensées. Naufragé immobile sur son lit, il insulte ses cousins qui ne lui écrivent pas et la terre entière, « sur l’âme des morts », « sur la tombe de Toto » – celui qui n’aimait pas les oeufs. Il en est réduit à une obsession qui envahit tout. Les ennemis paieront.

Son clan lui a dit de se calmer. Rien à faire. Depuis la capture, en 2004, du grand Morabito, capo (boss) légendaire de la ‘Ndrangheta, dit « U’Tiradrittu » (Tire-droit), Pakistan voulait être un chef. Il avait convolé avec une demoiselle de la dynastie, Nunziatina, et se sentait intouchable. Sa sortie de clinique, le 13 décembre, ne laisse rien augurer de bon.

The bodies of victims of a shooting lie on the ground in front of the main train station in the northwestern German town of Duisburg August 15, 2007. Six Italian men were shot dead in the northwestern German city of Duisburg early on Wednesday in an execution-style killing apparently linked to a mafia turf war. The shootings took place close to an Italian restaurant called Da Bruno, a police spokesman said. The victims, all shot in the head, were aged between 16 and 39. REUTERS/Armin Thiemer (GERMANY)
15 août 2007, la tuerie de Duisburg en Allemagne rappelle que la mafia est internationale. REUTERS/Armin Thiemer (GERMANY)

De fait, le jour de Noël 2006, un commando prend d’assaut la maison du vieux Nirta. Sa belle-fille, Maria Strangio, une jolie brune de 35 ans, est tuée. Une femme touchée! Et le code mafieux qui n’a pas été respecté… Deux sacrilèges en un.

Même un membre des Pelle (alliés des Vottari, accusés de la tuerie) en visite auprès d’un ami en prison, s’en offusque, en février 2007: « Ils se sont mal comportés. Comme des clowns. Si on veut faire une chose, il faut avertir d’abord. » Il dit aussi: « On respire un climat de terreur. Plus personne ne sort des maisons. »

Dans un effort désespéré, Pelle s’en va voir le régent des Strangio, alias Ciccio Boutique, pour tenter une médiation. Boutique le reçoit poliment: « Ils sont venus nous incommoder », grommelle-t-il.

Dès lors, on attend l’apocalypse. La ‘Ndrangheta elle-même semble chanceler. Et le feu d’artifice que l’Europe entière interprétera, à Duisburg, comme le sacre de sa puissance sera, en fait, sa pire bavure.

Un fusil et un livre de prières…

Juin 2007, une Volkswagen Golf quitte San Luca, direction Duisburg, avec deux hommes à bord. Ils ne savent pas que les enquêteurs italiens ont farci l’habitacle de micros. Comme halluciné, l’un répète à l’autre, du nom de Marco Marmo (l’une des futures victimes du massacre): « Comment l’arrêter [la faida]? Si Gianluca [le mari de la défunte] ne meurt pas, on ne pourra pas l’arrêter. Il n’a plus rien à perdre. »

En clair, les Pelle-Vottari craignent tant les représailles des Strangio qu’il leur faut les précéder. Tuer, et vite, le mari de Maria Strangio. Se procurer, outre des perruques pour se travestir, un fusil de précision américain qu’ils cherchent d’abord en Suisse, en vain, puis à Duisburg, où ils s’appuieront sur une bonne base, le restaurant Da Bruno – on y trouvera, après le massacre, un fusil d’assaut calibre 223 Remington et un livre de prières. Et dans le portefeuille d’une des victimes, l’image de l’archange Michel à moitié brûlée, symbole d’un rite d’initiation de la ‘Ndrangheta.

De ces gesticulations guerrières les Allemands sont informés. « Nous les avons prévenus en juin », observe Nicola Gratteri. Ont-ils fait quelque chose? « Pas que je sache ». Personne, ni à la police de Duisburg, ni au BKA, la police fédérale, n’a souhaité répondre à L’Express.

« La police allemande, poursuit le magistrat, avait créé une équipe de 15 personnes sur la ‘Ndrangheta. Mais ils l’ont dissoute peu avant la Coupe du Monde de foot de 2006 pour renforcer les rangs de l’antiterrorisme. Si, dans un Etat, le délit d’association de malfaiteurs de type mafieux n’existe pas, comme en Allemagne, c’est que le législateur ne croit pas à ­l’existence de la Mafia chez lui… »

­Wilfried Albishausen, à la tête du syndicat des criminalistes de Rhénanie-du-Nord – Westphalie, résume, à l’italienne: « C’est l’omerta. » Avant de détailler, en soupirant, les trous dans la législation qui font de l’Allemagne « une très bonne adresse pour recycler l’argent sale. Si les Italiens peuvent confisquer des biens, même sur soupçon d’appartenance à la Mafia, chez nous, il faut prouver le délit… Quant aux écoutes, interdiction dans les lieux publics ; obligation de couper les micros quand on parle de choses privées… Bref, on n’a pas les outils. » Ni la culture.

Il y a vingt ans, déjà, Albishausen a tenté, en fin limier, de passer au tamis les pizzerias calabraises de Duisburg. Qui avait souscrit le bail? Qui les gérait? Qui y avait des parts? Le mur était tapissé des arbres généalogiques de la Calabre. Un casse-tête indescriptible. « Ils sont tous cousins et s’appellent tous pareil. »

Vingt ans plus tard, donc, c’est l’été meurtrier. Cette nuit du 15 août, le sang doit exulter. A 2h24, une rafale de feu, 54 balles, s’abat sur six proches des Pelle-Vottari qui sortent du Da Bruno. A San Luca, le lendemain, le téléphone hurle de tous côtés. Les uns se perdent en des sanglots de tragédie antique, les autres, sauvés du chagrin par la rancune, commentent la nouvelle comme un match du calcio.

De Duisburg, le frère d’une victime appelle sa cousine: « Ils les ont tous tués… Mon frère, mon neveu Francesco, tous ceux qui travaillaient dans le restaurant… » Sa cousine: « J’ai vu à la télé. On est restés comme morts… » Dans le camp d’en face, on prend du champ: « On dit qu’ils ont tué Francesco, celui de Gianni, le fils de la zia Teresa. – Si, ah? – Si! Si! – Va bene. » Benissimo.

En Allemagne, les fiancées germaniques des pizzaiolos calabrais accusés, avec Strangio, d’association mafieuse, frisent, elles, l’état de choc. L’une hurle à son homme au téléphone: « A la police, il y a tellement de photos de vous, plus de 80 ou 90! Vous êtes tous parents! » – « Come? Come? » répond l’autre, qui se sait sur écoute.

C’est son amour pour les lasagnes qui perdra Giuseppe Nirta

Du fin fond de San Luca monte déjà la rumeur de la « persécution judiciaire ». Les parents de Giovanni Strangio se sont livrés à l’hebdomadaire Oggi: « Gianni », qui « se sentait mal à la vue du sang », n’aurait jamais pu faire ça. « Tuer six personnes est une chose gravissime, que même les bêtes les plus féroces ne font pas », dit son père, ancien camionneur. Seulement, Gianni n’avait jamais étouffé la rancoeur de la mort de sa belle-soeur Maria. « Bastardi, bastardi [les salauds] », répétait-il, emmuré dans une résistance suicidaire à la fatalité.

Le 8 août, il part de San Luca pour Düsseldorf, en téléphonant à son frère: « Ne dis à personne que je suis en train de monter. Ne dis pas que je vais à la pizzeria. » Là-bas, il ne passe plus aucun coup de fil. Il va dans une armurerie commander des chargeurs pour des pistolets Glock à retirer le 14 août.

Il n’ira pas, finalement. Il est le seul à être formellement soupçonné pour le massacre aujourd’hui. Deux témoins, cette nuit-là, ont vu deux hommes de haute stature. Strangio ne l’est pas. « Nous pensons que plus de deux personnes ont participé au massacre », dit Gratteri.

Même s’il n’y a toujours pas de preuve, les soupçons se portent aussi sur Giuseppe Nirta, le beau-frère de Strangio, arrêté en novembre 2008 à Amsterdam – déjà. C’est l’amour des lasagnes transportées par sa femme, venue exprès de San Luca, qui l’a perdu.

Une filature dantesque, pour les enquêteurs italiens, qui suivent, sur 2 700 kilomètres, en zigzag à travers la Suisse, la France, la Belgique, l’Allemagne, la Passat des trois soeurs de Strangio. Jusqu’à une maison louée non loin d’un quartier élégant d’Amsterdam. Et, le 24 novembre, les pâtes, accompagnées de saucisses, sont livrées à Nirta, via un intermédiaire. Fin du voyage. « A ce jour, depuis Duisburg, 70 personnes ont déjà été interpellées, résume le superflic Cortese. Entre 1991 et 2007, aucune. La population a besoin d’une réponse forte de l’Etat. »

Giuseppe Nirta arrêté en 2008
Giuseppe Nirta arrêté en 2008

En Italie, les deux clans, eux, digèrent mal leurs 150 millions d’euros de biens confisqués: des voitures de luxe, un supermarché… Mais le calme est revenu. « Il a fait chaud mais, maintenant, le ciel est dégagé », poétise une femme entendue dans une écoute. « Cette trêve a été imposée par les familles les plus puissantes de la ‘Ndrangheta, révèle Gratteri. La faida faisait perdre trop d’argent… »

Quant au Da Bruno, rebaptisé, il a rouvert, relooké design. Le nouveau patron voudrait tourner la page. Seulement les clients, avant de commander du poisson en papillote, demandent où ont agonisé les victimes. Et l’ancienne enseigne du restaurant a été achetée 10 000 euros sur eBay par un dingue de la Mafia.

Derrière les cuisines, une salle, sans fenêtre, est restée en l’état. Une ­table, douze chaises, des poutres, un buffet en chêne massif. Dans ce clair-obscur se tenaient les conclaves murmurés des capi faisant voeu de silence: « Je ne sais rien, je n’ai rien vu, je n’étais pas là et, si j’y étais, je dormais. » Loin du ventre de l’Aspromonte. A Duisburg, en Allemagne.

Le 12 Juillet 2011, la Cour d’Assise de Locri a condamné Giovanni Strangio (né en 1979) à la prison à perpétuité pour les meurtres de Duisbourg.

Sources : Par Delphine Saubaber et Vanja Luksic, publié le 18/03/2009, l’Express

 

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