Deal de rue : Lausanne comme à Palerme


À Palerme, la Black Axe (société secrète nigériane) est dans la cible de la justice italienne. C’est la première fois qu’un groupe criminel non affilié aux mafias traditionnelles est dans le collimateur de l’antimafia. À la suite de l’arrivée massive de migrants en Europe, la justice italienne s’inquiète d’un rapprochement entre l’organisation criminelle nigériane et Cosa Nostra.

Après l’arrestation de 23 Nigérians soupçonnés d’appartenir à la nouvelle organisation mafieuse, le procureur adjoint du tribunal de Palerme explique ce que représente cette nouvelle pègre.

« Ces groupes de Nigérians ont les mêmes caractéristiques que les organisations mafieuses, ils agissent exactement pareil. Ils sont organisés dans une structure pyramidale et utilisent l’intimidation pour s’implanter . On essaie de prouver qu’il y a des liens entre la mafia et ces Nigérians. Mais cette relation ne peut être que verticale : jamais la mafia n’autoriserait une autre organisation à travailler d’égale à égale avec elle. Les Nigérians finiraient vraisemblablement assassinés dans l’arrière-pays s’ils tentaient de s’imposer face à Cosa Nostra. Ballaro le jour et Ballaro la nuit, c’est la même chose, la drogue circule en toute impunité, admet le procureur. Mais l’important, c’est que cette drogue soit vendue avec l’accord de la mafia. C’est Cosa Nostra qui supervise le marché, mais ce qu’on sait, c’est que la mafia prend les Nigérians très au sérieux. Nous pensons qu’il existe des liens entre la criminalité nigériane de Palerme et les gangs de Castel Volturno, de Catane, et d’ailleurs en Italie».

Au centre du marché de Ballaro, le trafic de cocaïne se déroule aux yeux de tous, comme à Lausanne où même harcelés, les dealers africains peinent à quitter la rue. Devant l’arrivée massive des nigérians, la mafia a imposé ses règles : par d’armes à feu dans les mains des Africains. S’ils doivent punir, ils doivent utiliser des machettes ou des haches.

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Trafiquants de drogue à Lausanne

Outre la drogue, la prostitution est l’une des activités les plus lucratives des Nigérians de Ballaro. Elles seraient environ 600 jeunes Nigérianes – les plus nombreuses devant les Roumaines – à faire le trottoir à Palerme sous leur surveillance. Véritables esclaves sexuelles, elles doivent accepter la passe à 20 euros, alors qu’elle est habituellement à 50 euros.

En principe, Cosa Nostra interdit la prostitution, mais sans y participer activement, les mafieux profitent ainsi de cette colossale manne financière en prenant leur part au passage.

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Prostituée du Nigéria exploitée en Sicile

Source : Le Monde, par Amaury Hauchard