Toto Riina, l’ancien chef de la mafia sicilienne est mort à l’âge de 87 ans, le 17 novembre 2017. Celui qu’on surnommait « Totò u’ curtu » (Totò le courtaud), en relation avec son mètre 58 ou encore « La Belva » (La bête) de Corleone était arrêté le 15 janvier 1993 et purgeait 26 peines de détention à vie sous l’article du 41 bis.
Un rapport de la DIA (Direction d’investigation antimafia) sorti en 2016 souligne que la mafia sicilienne souffre d’un climat instable et d’une « intolérance grandissante » envers le pouvoir exercé par la frange des Corleonais. Bien que souvent critiquée au sein de Cosa Nostra, l’autorité des Corleonais n’a jamais été remise en cause ouvertement. Il faut dire que pour prendre le pouvoir sur l’organisation criminelle, Toto Riina n’avait pas hésité à massacrer tous les parrains palermitains de « l’ancienne mafia » avant de déclarer la guerre à l’État en supprimant ses plus fidèles serviteurs.
Toto Riina (1930 – 2017)
Les enquêteurs ont intercepté des appels téléphoniques de mafieux dans lesquels ont pouvait les entendre juste après la mort de Provenzano (2016), attendre celle de Toto Riina. Des signes manifestes d’une volonté de changement a émergé ces dernières années en particulier avec la tentative de créer une nouvelle commission provinciale pour prendre les décisions les plus importantes au sein de Cosa Nostra.
Plutôt que faire de longs discours, voici un texte qui résume la pensée et l’amertume profonde de nombreux Siciliens qui ont vécu sous la terreur de ce criminel sanguinaire.
Saverio Lodato, journaliste antimafia
Extraits tirés d’un texte de l’écrivain et journaliste Saverio Lodato
Riina est mort. Mais sa légende ne sera pas immortelle. On passe à un autre monde. Avec la mort de ce boucher qui inspirait la terreur, ce sadique sanguinaire qui jouissait de voir agoniser ses victimes, un général qui a placé Cosa Nostra dans une impasse. Personne ne le regrettera. Personne ne ressentira le besoin d’imiter ses actions. Pas même d’autres grands assassins comme lui. Le monde du crime a aussi sa propre vague de sentiments de honte. Sa famille sera seule sur cette terre à être fière de porter son nom. Réussir, peut-être, à arracher quelques interviews de télévisions.
Ce bulldozer rude, qui parlait à peine l’italien, insensible à la pitié a laissé sur son chemin une montagne de cadavres comme Giovanni Falcone, Francesca Morvillo, Paolo Borsellino, Antonio Montinaro, Rocco Dicillo, Vito Schifani, Emanuela Loi, Walter Cosina, Vincenzo Li Muli, Claudio Traina, Agostino Catalano …
Mais est-il plausible qu’une hyène ait pu tout faire seule ?
Est-il plausible qu’une hyène de ce genre ait pu se cacher pendant près de 30 ans avant son arrestation et commettre autant de crimes ?
Comment avoir pitié d’un homme qui est mort en faisant la chose qui au-delà de tuer, réussissait le mieux : garder la bouche cousue ?
Cette mafia qui ne meurt pas avec lui, aujourd’hui.
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