Les carabiniers ont frappé la nouvelle « Coupole » (ou « Commission Provinciale ») de Cosa Nostra, une direction réactivée pour coordonner les activités de la mafia sicilienne dans la région de Palerme. 46 personnes ont été arrêtées dans cette opération « Cupola 2.0 », dont celui qui serait devenu le boss suprême de Cosa Nostra, Settimo Mineo (photo), officiellement bijoutier mais en réalité boss du quartier Pagliarelli.
La Coupole mafieuse, qui ne s’était pas réunie depuis 1993, a tenu sa première réunion le 29 mai dernier : les boss des clans de Palerme ont choisi leur nouveau « parrain des parrains », Settimo Mineo. Désormais octogénaire (il est né en 1938), Mineo avait été arrêté en 1984 par le juge Giovanni Falcone et le mafieux avait déclaré au magistrat (assassiné en 1992) : « Je ne sais pas de quoi vous parlez, Je tombe du ciel »…
En plus de lui, 3 autres membres de la « Coupole » ont été arrêtés : Gregorio Di Giovanni de Porta Nuova, Filippo Salvatore Bisconti de Misilmeri-Belmonte et Francesco Colletti de Villabate. Ces capimandamenti (chefs de circonscriptions mafieuses rassemblant plusieurs clans voisins) ont déjà été condamnés pour association mafieuse.
C’est Colletti qui a raconté l’élection de Mineo à la tête de la Coupole à son chauffeur Filippo Cusimano. Les deux hommes ignorent que les carabiniers ont installé un micro dans leur Fiat Panda. Si le lieu de la réunion reste mystérieux, Colletti a donné d’autres détails à son chauffeur : certains boss n’avaient pas le rang nécessaire pour assister à la réunion (Salvatore Pispicia de Porta Nuova, Francesco Caponnetto de Villabate, Giovanni Sirchia de Passo di Rigano et Francesco Picone du quartier de la Noce) et sont donc restés à l’extérieur. Il s’agissait également de réaffirmer le rôle central de la Coupole, en opposition à la tyrannie de Totò Riina (décédé en prison en novembre 2017). Après plusieurs grosses opérations policières ces dernières années, Cosa Nostra a voulu se réorganiser, sur une base plus stable. L’enquête, menée par une unité spéciale des carabiniers et un groupe de Procureurs, a permis d’établir le pouvoir économique de l’organisation mafieuse : des entrepreneurs insoupçonnables faisant appel aux boss pour des recouvrements de créance et pour des arbitrages de litiges.
Settimo Mineo est dévoué à l’organisation : son frère Antonino a été tué en 1981, lui-même échappe quelques mois plus tard à une tentative de meurtre alors que son autre frère, Giuseppe, est tué. Il s’agit d’une guerre interne à la Famille Pagliarelli, entre les Mineo et les Motisi. Son intelligence et son sens de la diplomatie lui attirent la sympathie des « Corléonais », Riina en tête… La première fois que le nom de Mineo est cité, c’est par le « repenti » Leonardo Vitale, au début des années 1970. Dans les années 1980, d’autres « repentis » (Tommaso Buscetta et Salvatore Contorno) provoquent sa condamnation à 7 ans de prison (peine ramenée à 5 ans et 4 mois). Nouvelle arrestation en 2006 : il est alors condamné à 11 ans de prison. A sa libération, il joue (déjà…) le médiateur entre les jeunes boss et les « vieux » parrains qui sortent de prison. Settimo Mineo n’utilise pas de téléphone : il préfère se déplacer pour rencontrer les autres boss. Il a même obtenu un passeport pour se rendre aux Etats-Unis… mais les autorités américaines lui interdisent l’entrée.
Des boss et « soldats » des clans Pagliarelli, Villaggio Santa Rosalia, Corso Calatafimi, Porta Nuova, Belmonte Mezzagno, Villabate, Misilmeri, Rocca Mezzomonreale et Mezzojuso ont également été arrêtés. L’enquête « Cupola 2.0 » a permis d’éviter un homicide (un délinquant « coupable » de racketter sans l’accord de l’organisation) et a identifié 28 cas de racket (surtout dans le domaine de la construction), mais seulement 9 victimes ont spontanément dénoncé les faits aux autorités.

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