Turin : vaste opération contre la « mafia nigériane »


La police nationale et la police municipale de Turin ont mené une vaste opération contre la « mafia nigériane » dans le nord de l’Italie. 33 personnes ont été arrêtées (14 à Turin, 19 à Bologne, une dizaine d’autres sont recherchées) et les enquêteurs ont découvert une « Bible Verte », une sorte de « règlement criminel » : sa saisie facilitera sans doute les poursuites pour « association mafieuse ». Le document secret détaille les règles, la hiérarchie, les rites d’affiliation et les punitions de l’organisation criminelle nigériane. La « Bible » cite également Cosa Nostra comme modèle à atteindre et pour préciser qu’il ne faut en aucune façon entrer en conflit avec elle.

Les accusations, en plus de l’association mafieuse, sont proxénétisme, trafic de stupéfiants, blanchiment et traite d’êtres humains. L’organisation est également soupçonnée d’extorsion, mais uniquement à l’intérieur de la communauté africaine, et de clonage de cartes de crédit, via la technique du phishing.

Le clan visé est la confraternité « Maphite » (acronyme de Maximum Academic Performance Highly Intellectuals Train Executioner), très discrète mais répartie dans toute l’Italie. Le pays a été divisé en 3 « familles » : le nord et le centre, contrôlés par les clans « Vaticana » et « Latina » ; à Rome, où règne « Rome Empire » ; et la Sicile et la Sardaigne, sous la direction du clan « Light Sicily ».

Né dans les années 1960 et 1970 dans les universités nigérianes, la Confraternité Maphite est arrivée en Italie en 2011 sous le nom de « Green Circuit Association » (GCA), après son interdiction formelle au Nigeria en 2001 par la « Secret cult and Secret Society Prohibition Bill ». La Confraternité, qui compterait une vingtaine de filiales à l’étranger, serait ainsi organisée : au sommet on trouverait un « Don » et ses adjoints, suivis de différents « Chairman », coordinateurs, responsables financiers,… jusqu’à des soldats et des « simples » affiliés.

Le nouveau membre est coopté par un « ancien » : les yeux bandés et dénudé, il est battu par deux autres « anciens » pour être « fortifié ». Tout comme dans la mafia sicilienne, des papiers sont brûlés entre ses mains. Par la suite, si on lui demande « qui l’a fait homme ? », il doit répondre par sa famille d’appartenance et par sa « date de naissance », c’est à dire la date de son initiation. Les quatre « familles » sont divisées en « forums » dans les provinces ou les villes, avec des sections « spécialisées » comme « Taurus » (en charge de se procurer des armes et de sanctionner les infractions en interne) ou encore celle chargée du blanchiment, appelée « Mario Monti » (du nom de l’économiste, ancien Président du Conseil italien…).

Source : 18.07.19 | Corriere della Sera – Italie