Le 16.04.2020, dans une optique de lutte contre la pandémie de coronavirus dans les prisons, les autorités turques, après un vote au Parlement, ont décidé la remise en liberté de près de 45.000 détenus. Parmi ceux-ci : un important boss mafieux, Alaattin Cakici (photo). Cette décision a entraîné une forte réprobation de la part d’associations des droits de l’Homme, alors que des journalistes et des militants de gauche restaient incarcérés. Le boss est sorti de la prison de Sincan, où il était incarcéré pour plusieurs affaires, notamment le meurtre de son exfemme. Une libération vue comme un « cadeau » du gouvernement pour un de ses supporters…

NDLR : Fils et petit-fils de mafieux, Alaattin Cakici est né en 1953 et s’installe avec sa famille à Istanbul où son père est tué par des terroristes d’extrême-gauche en 1980. Proche du mouvement panturc des « Loups Gris », Cakici est incarcéré après le coup d’état militaire de 1980. Il est libéré en 1982 et apporte son aide au MIT (services de renseignement turcs) dans sa lutte contre le PKK ou encore les arméniens de l’ASALA.
Cakici bénéficie donc d’une certaine protection officielle et développe ses activités criminelles. A partir de 1994, il participe à des manœuvres pour s’emparer, avec l’appui de politiciens véreux, de pans entiers du système bancaire du pays. A la même époque, il divorce de sa femme, Ugur Kilic, fille de Dundar Kilic, surnommé « le parrain des parrains » de la maffya turque. Il la fera abattre en janvier 1995 et entre en guerre avec le clan Kilic. Recherché, il est finalement arrêté en août 1998 à Nice et condamné le mois suivant à 6 mois de prison pour détention de faux papiers. La justice belge en profite pour l’entendre comme témoin dans le meurtre d’un agent du MIT commis en décembre 1997 à Liège. Extradé vers la Turquie en décembre 1999, le mafieux est condamné à 5 ans de prison en juin 2000 pour association de malfaiteurs. Libéré pour bonne conduite en 2003, il a interdiction de quitter le territoire mais préfère prendre la fuite en mai 2004 pour éviter de nouvelles poursuites.
Cakici est arrêté en juillet 2004 près de Graz, en Autriche, puis extradé en octobre de la même année. Alaattin Cakici a depuis été condamné dans plusieurs affaires, notamment à 19 ans et 2 mois de prison pour le meurtre de son ex-épouse en 1995. Lors des élections du 24 juin 2018, il a lancé un appel à voter pour l’alliance MHP-AKP (« Loups Gris » d’extrême-droite et « islamo-conservateurs »).
Sources : Agences, 26.04.2020
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