Toto Riina est mort, mais pas la mafia


La carrière criminelle de Totò Riina, le parrain des parrains de Cosa Nostra a au cours de sa vie criminelle écopé de 26 condamnations à perpétuité. Il a été reconnu coupable de plus d’une centaine de meurtres. La justice lui saisit 125 millions d’euros de biens divers.

Le 15 janvier 1993, Totò Riina est interpellé dans la banlieue de Palerme à l’âge de 62 ans. Il va mourir en prison le 17 novembre 2017 à l’âge de 87 ans sans avoir retrouvé la liberté après 24 années de détention sous le régime carcéral du 41 bis. Malgré des conditions de détention difficiles avec cette mesure, il dira à un co-détenu : « Je ne regrette rien. Ils ne me briseront jamais, même s’ils me donnent trois mille ans ».

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Totò Riina vivait dans cette villa quand il fut arrêté.

Lors de ses procès, il a toujours nié et rejeté l’intégralité des accusations dont il faisait l’objet. Il affirmait ne pas connaître la mafia. Le 2 mai 1995, il déclarera « ne jamais avoir entendu parler de Cosa Nostra». À la demande du juge pourquoi il se cachait durant autant de temps s’il n’avait rien à se reprocher, il répondit être entré en clandestinité pour échapper aux accusations mensongères. Les images de ses interrogatoires donneront la mesure de l’intelligence sauvage de Riina, prenant l’apparence d’un vieillard naïf et peureux, qui ne se départit pas d’une froideur extrême, exprimée par un regard noir et menaçant.

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Riina sous bonne escorte à son procès.

En 2009, alors que des micros sont placés secrètement dans la cour de la prison de Parme où il purge sa peine, il reconnaîtra implicitement l’existence de Cosa Nostra en prétextant auprès d’un autre détenu que la mafia n’était pas responsable des assassinats des juges Falcone et Borsellino.

Totò Riina ne s’est jamais repenti et n’a jamais livré ses secrets. Mais en janvier 2017, quelques mois avant sa mort, il a fait savoir qu’il demandait à parler aux magistrats. Puis il a changé d’avis.

À l’âge de 86 ans, Riina qui était atteint de deux tumeurs avait vu sa demande de pouvoir finir ses jours dans sa maison à Corleone rejetée par la Cour de cassation. Cette demande avait suscité une vague d’indignation, surtout chez les familles des victimes de la Cosa Nostra.

C. Lovis © Les Hommes de l’antimafia 


Voici la liste de ses condamnations qui ne prennent pas en compte celles dont il est fortement soupçonné, mais que la justice n’a pas réussi à prouver :

  • 1992 : Peine à perpétuité pour le meurtre du capitaine
      • Emanuele Basile ;
  • 1993 : Peine à perpétuité pour le meurtre du patron
      • Vincenzo Puccio ;
  • 1994 : Peine d’emprisonnement à perpétuité pour le meurtre des repentis
      • Salvatore Anselmo ;
      • Mario Coniglio ;
      • Leonardo Vitale ;
      • Pietro Buscetta, beau-frère du plus célèbre collaborateur de justice.
  • 1995 : Peine à perpétuité pour le meurtre de
      • Giuseppe Russo ;
    • condamnation à perpétuité pour le meurtre de
      • Beppe Montana ;
      • Ninni Cassarà ;
    • condamnation à perpétuité pour les meurtres de
      • Piersanti Mattarella ;
      • Pio La Torre ;
      • Michele Reina ;
  • 1996 : Peine à perpétuité pour le meurtre du
      • juge Antonino Scopelliti ;
    • condamnation à la réclusion à perpétuité pour le meurtre du
      • Général Carlo Alberto dalla Chiesa ;
      • Du chef de l’équipe mobile Boris Giuliano ;
      • Du professeur Paolo Giaccone ;
  • 1997 : Peine à perpétuité pour le massacre de Capaci qui tua le
      • juge Falcone, sa femme et trois hommes de son escorte.
      • Peine à perpétuité pour le meurtre du juge Cesare Terranova ;
  • 1998 : Peine à perpétuité pour le meurtre du
      • juge Giangiacomo Ciaccio Montalto ;
  • 1999 : Peine à perpétuité pour le massacre de la Via d’Amelio qui tua le
      • juge Borsellino et 5 membres de son escorte.
  • 2000 : Peine à perpétuité pour des attentats à la voiture piégée de 1993 à Florence, Milan et Rome.
  • 2002 : Peine à perpétuité pour le meurtre du
      • juge à la retraite Alberto Giacomelli ;
    • condamnation à perpétuité pour le meurtre du
      • Juge Rocco Chinnici ;
    • condamnation à perpétuité pour le massacre de Pizzolungo qui tua une femme et ses deux enfants au lieu du juge Carlo Palermo qui était visé.
  • 2009 : Peine à perpétuité pour le massacre de Viale Lazio.
  • 2010 : Peine à perpétuité pour le meurtre de
      • Giovanni Mungiovino ;
      • Giuseppe Cammarata ;
      • Salvatore Saitta ;
  • 2012 : Peine à perpétuité pour le meurtre d’
      • Alfio Trovato.
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Salvatore « Totò » Riina

La mafia « toujours présente »

Cosa Nostra, la mafia sicilienne est elle aussi encore loin d’être brisée, selon des magistrats. Mais elle s’est faite beaucoup plus discrète, renonçant aux exécutions et aux crimes de sang de l’époque Riina. « Il n’y a plus d’homicides, ou ils sont rares », expliquait ainsi récemment à l’AFP Ambrogio Cartosia, procureur ayant travaillé pendant plus de 20 ans au pôle antimafia.

La mafia n’a néanmoins pas disparu. Au contraire, « il me semble qu’elle est bien plus présente qu’avant dans les structures politiques, elle a repris le contrôle du territoire. Elle agit d’une manière différente. Moins militaire, moins sanguinaire, mais très efficace », a-t-il ajouté.

Trafic de drogue, enlèvements, racket: Toto Riina fait main basse sur tous les secteurs d’activité traditionnels de Cosa Nostra. Pour asseoir le pouvoir de son clan, les Corleone, il donne le coup d’envoi au début des années 80 d’une guerre contre les vieilles familles palermitaines, qui fait plusieurs centaines de morts.

(Source : La Liberté, 17.11.2017)