La mafia nigériane en plein essor


Pour les enquêteurs italiens spécialisés dans la lutte contre le crime organisé, la mafia nigériane qui est très peu connue des médias et des organisations est en plein essor. Ces groupes criminels se sont peu à peu implantés dans le monde entier. Depuis quelques années, la ruée migratoire est un problème majeur pour l’Europe. Car en plus de déstabiliser les démocraties et les capacités d’acceptation de la population, elle enrichit les organisations criminelles et les mafias. Les spécialistes de la lutte antimafia en Italie mettent en garde contre la forte émergence des clans nigérians, particulièrement dangereux et violents. Bonne lecture !

Contexte

Le Nigeria qui est le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 200 millions d’habitants compte environ 250 groupes ethniques ou religieux. Il est considéré comme ingouvernable à cause de l’anarchie qui y règne, ce qui constitue un terreau idéal pour une corruption généralisée et pour le développement d’une criminalité organisée d’une extrême violence.

La forte immigration que l’on observe ces dernières années depuis l’Afrique noire a largement favorisé la force de ces groupes criminels qui se sont établis partout dans le monde. Il y a une forte diaspora établie en Inde, au Pakistan, en Thaïlande, en Amérique du Sud, aux Etats-Unis et en Europe. À titre d’exemple, la communauté nigérienne représente la seconde communauté noire du pays au Royaume-Uni. À la faveur de cette ruée migratoire massive africaine, les groupes nigérians du crime organisé se sont fortement installés dans les pays occidentaux. La mafia nigériane n’est pas homogène. Elle est composée de groupes rivaux tels que Black Axe, Vikings et Maphite.

Organisation

En termes de discipline et de valeurs, les réseaux nigérians se rapprochent des mafias classiques. Le code d’honneur implique fidélité absolue au réseau, une omerta et une discrétion absolue maintenue par les « bucha » (boucher). Cependant, la morphologie de ces organisations est complexe, leur hiérarchie diffère des structures verticales ou pyramidales du crime organisé traditionnel. Au sein des syndicats et des cellules qui les composent, l’appartenance se détermine en fonction de liens familiaux, ethniques, tribaux ou personnels. Chaque cellule et chaque membre a un rôle spécifique défini en fonction de ses capacités, connaissances ou de sa localisation géographique. Elles sont généralement composées de cinq à dix hard members ou initiés, bammed, masculins et de la même ethnie qui sont nommés en fonction de leurs capacités criminelles et de leurs rangs.

À l’étranger, la mafia nigériane a adapté son organisation qui est alors pyramidale. Chez les hommes du rang, il existe par exemple des « yeux », des « crieurs », des « bouchers ». Ils sont dirigés par un collège des sages composés d’initiés, lui-même supervisé par un « chama », sorte de chef militaire. Ce dernier conseille le chef de cellule au côté d’un conseiller « spirituel », sorte de consigliere, un conseiller financier et administratif. Il existe un chef pour chaque cellule et un baron pour chaque syndicat, généralement un homme avec un pouvoir politique ou tribal important.

De taille et de composition diverses, relativement autonomes dans le choix et la conduite de leurs activités, chaque cellule opère indépendamment et se spécialise dans le blanchiment d’argent, la logistique de transport aérien, le recrutement et l’entraînement des mules pour le transport de drogue, la fabrication de faux passeports, etc. Lors du montage d’une opération illicite, un transport de drogue par exemple, des cellules peuvent être sollicitées par des membres du même syndicat ou d’autres organisations criminelles afin de former une joint-venture compartimentée. Les chefs des syndicats du crime qui possèdent fortune et contacts dans les forces de sécurité, la justice et la politique dirigent ces joint-ventures criminelles, car ils assurent une protection aux membres de l’association en cas de problème ainsi que la fluidité des opérations via la corruption d’officiels. Ce cloisonnement garantit l’anonymat des membres au sein de chaque opération et réduit les risques d’infiltration et de démantèlement du réseau, tandis que ces alliances de compétence permettent de trafiquer des volumes supérieurs et donc de réaliser des économies d’échelle considérables.

L’immigration de masse, une aubaine pour la criminalité organisée

La mafia nigériane est spécialisée dans le trafic d’êtres humains et orchestre une grande partie de l’immigration de masse au départ de l’Afrique subsaharienne vers les côtes de la Méditerranée. Avec le matraquage de la bien-pensance des médias de masse qui servent surtout une propagande mondialiste plutôt que de faire de l’information quand il s’agit d’évoquer le problème migratoire, on serait a priori tenté de croire que cette immigration se déroule surtout à bord de bateaux de fortunes surpeuplés voguant dangereusement sur les flots qui séparent l’Afrique à la Sicile. Il n’en est rien. Certes, cette immigration existe et la dureté des images peut choquer, mais les peuples européens ne doivent pas se culpabiliser d’une situation dont ils n’en sont en rien responsables.

Les esprits simples qui expriment une naïve croyance en pensant qu’ils « sauvent » des vies en accueillant des migrants africains font en réalité le contraire. Ils autorisent un véritable esclavage des temps modernes. Car la mafia nigériane se délecte de cette niaiserie sentimentale européenne en utilisant également les voies aériennes et maritimes officielles « sûrs » pour faire venir des dizaines de milliers d’Africains de l’Ouest utilisés comme main-d’œuvre clandestine dans différents secteurs de la construction, de l’agriculture et du commerce local. En tombant dans les griffes de la criminalité organisée, la vie qui attend les migrants est peut être presque aussi dangereuse que celle qu’ils ont laissée derrière eux. Ce qui est d’autant plus vrai pour les migrants économiques, qui n’ont aucun statut juridique et qui n’ont quasiment aucune chance d’être admis comme comme réfugié. Comme ils ne recevront aucun permis de travail ou aide financière pour les aider à survivre, ils seront des proies faciles pour le crime organisé. Beaucoup de femmes seront plongées dans une vie d’esclavage sexuel et de trafic de drogue.

Les services de renseignement italiens déclarent que les mafias nigérianes sont, de toutes les entités criminelles étrangères opérant en Italie, « les mieux structurées et les plus dynamiques ». Les experts affirment que pas moins de 20’000 femmes sont arrivées en Sicile entre 2016 et 2018, victimes d’une traite entièrement coordonnée par les Nigérians, depuis le Nigéria jusqu’en Italie. Un bon nombre d’entre elles étant mineures. Si les trafiquants nigérians ont pris une telle importance en Italie, c’est que ce pays est l’une des portes d’entrée de la migration de masse en Europe. Les réseaux criminels nigérians se caractérisent par une incroyable brutalité – la police italienne compare leur implantation à une «guérilla urbaine» – et une utilisation très particulière du vaudou.

En Suède, la police a  décrit Black Axe comme « l’un des syndicats du crime les plus efficaces au monde ». Le magazine suédois Expressen a récemment publié un article sur le fonctionnement de Black Axe : une Nigériane de 16 ans est appâtée par un emploi de coiffeuse en Suède. À son arrivée, Black Axe la contraint à se prostituer sur fond de rituel vaudou. « Nous avons ton sang maintenant », lui ont dit les membres du gang, « Même si tu t’enfuis, nous te retrouverons ».

La mafia nigériane n’a pas limité son expansion en Italie, elle s’est implantée du sud au nord de l’Europe en direction. En Suède, la police a décrit Black Axe comme « l’un des syndicats du crime les plus efficaces au monde ». Le magazine suédois Expressen a récemment publié un article sur le fonctionnement de Black Axe: une Nigériane de 16 ans est appâtée par un emploi de coiffeuse en Suède. À son arrivée, Black Axe la contraint à se prostituer sur fond de rituel vaudou. « Nous avons ton sang maintenant », lui ont dit les membres du gang, « Même si tu t’enfuis, nous te retrouverons ». Sur tous les trottoirs des villes européennes, on y retrouve de plus en plus de Nigériennes forcées de se prostituer, parfois mineures. Selon une association de solidarité avec les femmes en détresse, les trafiquants ont « organisé l’immigration illégale de la plupart de ces femmes ».

Comme l’a montré maintes fois le Gatestone Institute, la criminalité liée aux gangs de migrants menace directement les citoyens européens. En Suède, la criminalité liée aux gangs de migrants pose aujourd’hui un problème quasi-insurmontable : certains experts évoquent une « situation de guerre ». Le Danemark aussi est en butte à cette criminalité importée. En Allemagne, où les gangs de migrants sont répertoriés comme des familles criminelles, les autorités ont compris qu’elles allaient devoir affronter le problème pendant des décennies.

« En plus d’une attirance commune pour le crime, les gangs d’immigrants ont développé une culture qui mélange religion, appartenance au clan, honneur, honte et fraternité … Plus vous êtes dur et brutal, plus vous êtes fort, puis vous prenez conscience de vous-même et devenez un pôle d’attraction »

Naser Khader, Parti conservateur danois

Selon les données de 2016 de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 80% des femmes arrivant en Europe par les routes méditerranéennes sont victimes de trafic à des fins de prostitution, avec une augmentation croissante du nombre de mineurs parmi les victimes.

Tout comme la Cosa Nostra qui s’est établie dans le monde par l’émigration, la mafia nigériane a également suivi le flux des routes migratoires. En Italie, ces groupes criminels africains contrôlent désormais les banlieues de nombreuses grandes villes du nord de l’Italie où les mafias locales n’ont aucun intérêt. La mafia nigériane est fluide et mobile et s’appuie sur des clandestins qui sont considérés comme des fantômes par les enquêteurs qui ne possèdent aucun document pour les identifier rigoureusement. « Ces ombres arrivent et disparaissent au fil des enquêtes », déclare un magistrat.

Ces derniers mois, la mafia nigériane est fortement soupçonnée de s’adonner au trafic d’organes. Pour le moment, aucun magistrat n’a été en mesure de prouver ces allégations que certains estiment peu crédible dans la mesure où prélever une partie du corps humain en toute sécurité pour le revendre dans un hypothétique marché noir est d’une grande complexité qui demande de gros moyens. Cette rumeur proviendrait du nombre de clandestins sans nom et sans papiers qui disparaissent sans laisser la moindre trace. Certains habitants assurent que si on vidait le fleuve Voturno, on retrouverait des milliers de cadavres sans nom.  

Les policiers italiens de l’antimafia à l’oeuvre

Le samedi 21 septembre 2013, les enquêteurs antimafia de la police italienne était en effervescence. Quelques jours auparavant, déguisés en ouvriers, ils s’étaient rendus à l’hôtel Boscolo Tower, une immense tour en béton située dans les faubourgs de Bologne pour y installer des micros dans la climatisation d’une salle de conférence. Les policiers tenaient une information confidentielle qui affirmait qu’une réunion de la mafia nigériane devait se tenir dans cet hôtel quatre étoile. C’était la première fois que l’antimafia allait pouvoir suivre en direct une réunion de la mafia nigériane.

Ce jour-là, une trentaine de Nigérians qui avaient revêtus des costards hors de prix qui ne pouvaient dissimuler leurs mains et leurs visage balafrés (stygmates de leur intronisation) arrivèrent à l’hôtel Boscolo. et s’enfermèrent dans salle de conférences. Le maître de la cérémonie qi a fait le voyage depuis le Nigeria se trouve en bout de table, Osaze Osemwingie-Ero, alias « César », un moustachu au visage rond et rieur soupçonné d’être le Capo de la mafia nigériane. Se fardant d’un sourire bonhomme, cet homme de pouvoir et d’argent est pourtant craint par ses compères. Fils de policier au Nigeria, César a acquis la nationalité du Royaume-Uni après y avoir travaillé un temps dans une entreprise de transport publics. Jouissant d’une double nationalité, il s’est fait une place de choix au Nigeria auprès de l’establishment politico-mafieux de Benin City.

Les policiers italiens pendus à leur casque d’écoute entendirent Osaze Osemwingie-Ero commencer la réunion par une mise en garde aux participants :

Si on se donne du “Don” devant un flic, vous savez de quoi vous allez être accusés ? D’être un mafioso. Nous devons utiliser le nom de président quand on est dehors ». Si je vous ai convoqué ici, c’est aux seules fins de restructurer la « famille vaticane ». (l’une des quatre filiales du groupe en Italie)

Puis il poursuivit de sa voix rauque : « Nous avons utilisé le nom GCA* comme couverture. GCA et Maphite, c’est pareil, précise-t-il. Si nous passons cette porte et si quelqu’un me présente comme membre de Maphite, je nierai, car je ne veux pas être arrêté. Je suis un politicien au Nigeria et je peux dire que nous grandissons dans l’Etat d’Edo, poursuit César. Par la grâce de Dieu, nous y aurons le pouvoir dans trois ans. »

Les chefs de la « famille vaticane » écoutent religieusement les paroles de leur « don ».

Au terme de la conférence, les policiers n’interpellent aucun participant, faute de mandat, mais alimente leur base d’information capitale dans la lutte des réseaux criminels d’envergure.

Trois ans après cette conférence à Bologne, fin 2016, Osaze Osemwingie-Ero renforce encore sa position et son aura en étant nommé ministre de l’Etat de la province d’Edo (5 millions d’habitants sur un total de 200 millions au Nigeria). Il est alors chargé des arts, du tourisme, de la culture et de la diaspora. Évidemment, cette position au cœur de la politique lui confère un pouvoir énorme et un vernis de respectabilité qui lui ouvre de multiples portes en permettant de protéger ses activités criminelles.

Osaze Osemwingie-Ero dit « César »

L’opération Atheneaum II menée en juillet 2019 par la police italienne permettant l’arrestation des cadres de la « famille vaticane » n’avait pas inquiété outre mesure  Osaze Osemwingie-Ero qui se sentait alors intouchable. C’était mal connaître la police italienne et leur savoir-faire sans égal dans la lutte antimafia. L’Italie avait émis un mandat d’arrêt européen à son encontre en évoquant son implication dans le commandement d’une « association de type mafieuse dénommée Maphite ».

Le 2 décembre 2019, « César » est arrêté à l’aéroport Schiphol d’Amsterdam. Extradé vers l’Italie fin février 2020, il est actuellement détenu à Rome dans l’attente de son procès. Il encourt dix-huit ans de prison, mais conteste fermement les accusations portées contre lui.

*(Note : Green Circuit Association (GCA), se présente comme une organisation nigériane caritative implantée dans une trentaine de pays. Elle a été dernièrement interdire en Italie)

C. Lovis, novembre 2020 © Antimafia.net

Source : OIM, Gatestoneinstitute.org, presse internationale, Revue conflits

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