L’ancien commissaire Ignazio D’Antone (photo), 81 ans, est décédé dans une clinique romaine. Il avait été condamné en juin 2001 par le Tribunal de Palerme pour complicité externe à la Mafia à 10 ans de prison (peine confirmée en Appel en 2002 puis en Cassation en 2003). D’Antone est sorti de prison en 2012.
D’Antone a été accusé et condamné à Palerme pour avoir favorisé les gangs mafieux et protégé certains patrons, notamment les boss Pietro Vernengo et Lorenzo Tinnirello, en leur révélant qu’ils étaient sur le point d’être arrêtés. Il a été libéré de la prison de Santa Maria Capua Vetere en 2012. Il avait renseigné les clans mafieux. D’origine catanaise, il avait été nommé à la tête de la Squadra Mobile après le meurtre de son chef, le commissaire Boris Giuliano en juillet 1979. Devenu ensuite le chef de la Criminalpol (police judiciaire italienne), il travaille au bureau du Haut-Commissaire antimafia avant d’intégrer le SISDE (service de renseignement extérieur). Il s’est toujours déclaré innocent.
Extrait du livre « Avanti ». Le combat de l’Antimafia © Antimafia.net
Le commissaire Ignazio D’Antone, 42 ans, était arrivé de Catane en 1979 pour reprendre le poste de chef de la brigade criminelle laissé vacant après l’assassinat de Boris Giuliano. Même si l’homme le plus haut placé de la police de Palerme ne cessait de proclamer du fond de son bureau son profond attachement aux institutions, Ninni Cassarà ne lui faisait pas confiance. Pire, il s’en méfiait. Sans aucune raison pragmatique, mais à la faveur de ce formidable instinct de flic. Cette espèce de flair étrange et inexplicable qui se développe chez les meilleurs enquêteurs de la police.
Le seul fait concret identifié par Cassarà se situait dans l’attitude ambigüe du commissaire D’Antone. Ce dernier refrénait sans cesse l’élan de ses collaborateurs en exigeant des rapports longs et fastidieux qui contrecarraient ainsi les efforts d’investigation sur le terrain. En certains cas, des fugitifs avaient eu le temps de prendre la poudre d’escampette, sans doute alertés avant l’opération des forces de l’ordre. Dans cette ambiance malsaine, les piliers de la lutte antimafia, Cassarà et Montana, n’utilisaient jamais les téléphones de leur bureau pour communiquer des informations sur leurs enquêtes. Ils utilisaient des cabines téléphoniques disséminées partout dans la ville où se rendaient directement au cabinet de travail des juges antimafia. Plus tard, beaucoup plus tard (près de vingt ans après), les soupçons de Cassarà s’avéreront fondés. En 2001, un tribunal condamnera le commissaire Ignazio D’Antone à dix ans de prison pour avoir apporté son concours à une association mafieuse !
