Le 24 février, la magistrate Liliana Ferraro est décédée à l’âge de 78 ans d’une courte maladie. En six mois seulement, la salle du bunker dans laquelle s’est tenu le maxi-procès de la mafia a été construite. Grâce à son engagement, il a été possible de réaliser ce que les juges Falcone et Borsellino considéraient comme essentiel : c’est-à-dire le Maxi-procès de Palerme là où Cosa Nostra montrait son visage le plus féroce en pleine Mattanza, des centaines de mafieux, dont les plus grands boss allaient devoir de répondre de leurs crimes devant un tribunal.
Extrait du livre AVANTI, le combat de l’antimafia !
Une femme de l’antimafia
Brillante magistrate, la juge Liliana Ferraro, 41 ans, s’était déjà fait remarquer lors de la lutte antiterrorisme. Comme beaucoup d’Italiennes, elle était d’une coquetterie raffinée, toujours élégante. La silhouette rondelette et le timbre de la voix un peu rauque, ses cheveux bouclés, blonds et ses lunettes aux grandes montures ovalisées ne parvenaient pas à adoucir les traits sévères de son visage. En 1982, elle rencontra pour la première fois le juge Falcone lors d’un congrès sur le crime organisé où le juge sicilien avait tenu conférence. Pendant le déjeuner, il sortit de sa réserve habituelle pour lui décrire la situation sécuritaire préoccupante dans laquelle se trouvaient les juges d’instruction de Palerme, mais aussi les conditions de travail aberrantes et le manque de fonctionnalité des infrastructures attribuées à ceux qui luttaient en première ligne contre la Mafia.
La détermination de son collègue et la force tranquille qu’il dégageait la fascinèrent. Le hasard fait parfois bien les choses. Peu après, la juge Liliana Ferraro accepta un poste important à la Direction générale des affaires civiles, à Rome. Le Ministère voulait une personne de référence pour travailler auprès des tribunaux italiens. Lors d’une autre entrevue, Giovanni Falcone lui raconta les relations étroites qu’il avait instaurées avec différents pays et les premières victoires du pool antimafia. C’est au terme de cette discussion que la juge accepta la proposition du Ministère de la Justice. Elle pouvait ainsi apporter sa pierre à l’édifice de la lutte antimafia. À peine en fonction, elle engagea le gouvernement à octroyer des fonds supplémentaires, notamment en Sicile, afin d’améliorer les structures organisationnelles des tribunaux.
En avril 1983, elle effectua son premier voyage officiel à Palerme et découvrit avec stupeur le lieu de travail du juge Falcone.
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