Le blanchiment d’argent représente aujourd’hui un sérieux danger pour l’économie mondiale. Les criminels dans le monde entier ont tous plusieurs choses en commun : ils doivent blanchir leurs profits pour leur donner un semblant de légitimité, éviter la saisie des capitaux qu’ils ont acquis, échapper aux poursuites judiciaires et faciliter la fraude fiscale. Le blanchiment de capitaux est actuellement le secteur de criminel qui croît le plus vite. Il est régulièrement l’un des thèmes de l’actualité politique et économique au niveau international.
Le blanchiment de l’argent est une expression qui a été employée pour la première fois aux États-Unis pour définir la mainmise de la mafia sur des laveries automatiques. A l’époque de la prohibition, les gangsters américains mirent cette technique au point en investissant leurs revenus illicites dans une chaîne de laveries automatiques, les ( laundromats ). Les revenus étant exclusivement encaissés en monnaie fiduciaire, les chiffres d’affaires de ces entreprises devenaient incontrôlables, offrant ainsi la possibilité d’investir des revenus occultes et illicites
dans des entreprises légales et ( respectables ).
dans les années 1920, le gangster AL CAPONE racheta une chaîne entière de laveries automatiques où les ménagères payaient leur lessive en argent liquide. L’objet du projet était de camoufler la provenance de ses capitaux. Les recettes étant incontrôlables, il ne restait plus qu’à ajouter l’argent sale du trafic d’alcool à l’argent propre des blanchisseries pour en faire des sommes complètement licites.
En outre, l’expression ( blanchiment d’argent ) a été utilisée pour la première fois dans le cadre juridique en 1982 lors d’une affaire intéressant les États-Unis et impliquant la confiscation de fonds provenant de la cocaïne colombienne. Il est important de souligner que le terme (blanchiment) l’a emporté sur (blanchissage) après une longue lutte sémantique.

Première étape : le processus de blanchiment
La technique du placement ou du prélavage permet de se débarrasser matériellement d’importantes sommes d’argent en numéraire. Les méthodes d’écoulement les plus utilisées sont entre autres : les dépôts ou achats d’instruments monétaires dans des établissements financiers, l’investissement dans des secteurs brassant beaucoup de liquidités (casinos, négociants en métaux précieux, services d’encaissement des chèques, hôtellerie, restaurants, bar, etc.) ou l’acquisition de biens mobiliers ou immobiliers.
Outre les services des institutions financières bancaires (IFB), les techniques de placement utilisées dans les institutions financières non bancaires (IFNB) tels que les bureaux de change, les courtiers en valeur, les services postaux et télégraphiques ainsi que les casinos conservent les mêmes caractéristiques dans l’organisation et la structuration du circuit financier et reposent sur les mêmes complicités internes.
L’une des techniques de placement les plus courantes est celle de la fourmi ou (shtroumphage), qui semble à première vue relever du bricolage, permet d’utiliser les outils du système bancaire pour les opérations de placement des capitaux illégaux ainsi que leur transfert à l’étranger, grâce au fractionnement ou la structuration des dépôts en opérations de petites sommes, par la multiplication des prête-noms afin d’éviter les contrôles.
Deuxième étape : Empilage, dispersion, brassage ou lavage
Cette procédure consiste à empêcher toute identification de l’origine illicite des revenus occultes, en créant un système complexe de transactions financières successives telles que la conversion de sommes à blanchir en outils de paiement, comme les chèques de voyage, les lettres de crédits, les billets à ordre, les chèques de caisse, les obligations ou les bons du Trésor, l’achat d’or ou de biens destinés à la revente hors du territoire, ainsi que le transfert électronique ou télégraphique des fonds illicites vers différentes places financières.
La conversion des capitaux occultes en outils de paiement rend leurs transports, dépôts et placement plus discrets et moins détectables par les autorités chargées de leur contrôle, tandis que l’acquisition d’or ou d’œuvre d’art permet la dissimulation de l’identité de l’acquéreur ainsi qu’une meilleure couverture des produits d’origine illégale.
Troisième étape : Intégration, recyclage ou essorage
Cette méthode revient à réintroduire les sommes blanchis dans l’économie après leur avoir donné une légitimité. En effet, l’intégration permet de réinsérer le produit des opérations d’empilage dans l’économie de manière à ce qu’ils apparaissent comme les profits légaux d’une activité économique officielle. A ce stade, la preuve de l’illégalité des revenus devient quasiment impossible à démontrer si les deux précédentes opérations ont été brillamment menées à leur terme par les recycleurs. La réinsertion des capitaux blanchis, qui dépend de l’ingéniosité du recycleur, peut prendre diverses formes et utiliser des techniques sans cesse renouvelées, notamment les sociétés écrans et les prêts adossés.
Source : Centre de recherche des Menaces Criminelles Contemporaines – © MCC 2000
Texte : AL-REBDI A.RAHMAN
